Le genre cyberpunk est saturé à l’extrême en ce moment, et tous les quelques mois, une nouvelle ville néon vient vous vendre liberté, violence et une autre playlist synth ultra sombre. Alors quand Neon Giant (The Ascent) a dévoilé NO LAW aux Game Awards, cela aurait très bien pu être un énième flou oubliable de néons, de noirceur et d’hologrammes. La bande-annonce de NO LAW nous a rapidement prouvé le contraire.
La utopie sci-fi lisse que l’on voit habituellement laisse place à Port Desire, une ville portuaire taillée dans la falaise, moite, étouffante, sale et volontairement peu engageante — exactement comme on les aime dans une dystopie vidéoludique. Chaque plan de la bande-annonce transpire le désespoir, et c’est précisément ce qui fonctionne. Même le personnage jouable, Grey Harker, incarne ce monde sans espoir.
Grey Harker est un ancien militaire usé, qui tente de mener une vie tranquille avec ses plantes (sans blague), jusqu’à ce que le passé fasse ce qu’il fait toujours dans les récits cyberpunk/noir : revenir vous frapper de plein fouet, parce que vous avez cru pouvoir l’ignorer un moment. Spoiler : ce n’était pas possible, sinon NO LAW n’aurait pas une intrigue aussi sombre.
À partir de là, tout semble tourner autour de vengeance, de gadgets d’opérations clandestines et d’un énorme bagage émotionnel non résolu, le tout injecté dans un FPS-RPG à la fois élégant et crasseux. Alors voyons ce que la bande-annonce de NO LAW montre réellement, et comment cette nouvelle vision de la dystopie cyberpunk se positionne dans la jungle néon actuelle.
Décryptage de la bande-annonce de NO LAW
Il nous semble évident que Port Desire n’est pas un simple décor destiné à accueillir l’histoire ou ses personnages, mais un véritable protagoniste à part entière. Les plans larges de cette ville creusée dans les falaises au-dessus d’une mer déchaînée, empilée de passerelles aériennes, de jardins sur les toits et de ruelles noyées sous des néons maladifs, donnent l’impression d’un lieu profondément vivant. L’intention de design est claire.
Chaque recoin semble exister indépendamment du joueur, prêt à réagir aux décisions prises, sans l’attendre. La bande-annonce montre une seule ville dense et compacte, pas un continent gigantesque rempli d’icônes à cocher sur une carte — du moins, espérons que ce ne soit pas le cas.
Et ce n’est pas surprenant : si vous avez joué à The Ascent, vous reconnaissez immédiatement la patte du studio. Neon Giant a appris à raconter des histoires environnementales dans une arcologie cyberpunk confinée ; ici, ils semblent dire : « et si on vous mettait au niveau de la rue cette fois ? ». Fini la caméra isométrique distante, NO LAW vous plaque la crasse en pleine figure — enseignes vacillantes, buée sur les vitres, bars douteux à deux doigts de dégénérer en fusillade.
Certains cyniques diront que ce n’est qu’un nouvel écran Unreal Engine 5 destiné à nous en mettre plein les yeux, mais nous restons prudemment optimistes quant à la capacité de ce cyber-noir à tenir ses promesses, sans les problèmes habituels du moteur.
Grey Harker, papa de plantes devenu problème — avec un flingue
Évidemment, quelle histoire cyberpunk sombre serait complète sans un protagoniste stoïque et tout aussi abîmé que le monde qui l’entoure ? La bande-annonce de NO LAW présente Grey Harker, arpentant des clubs, prenant des ascenseurs, vérifiant son équipement — bref, les occupations classiques d’un héros cyberpunk. Le point de départ paraît bien plus ancré dans le réel que celui du mercenaire mystérieux habituel, et Harker dégage quelque chose de très… humain. Et ça nous plaît.
Ce qui marque particulièrement, c’est le ton de sa narration. Ce n’est pas une noirceur poétique et torturée, mais quelque chose de plus blasé et ironique. On entend quelqu’un qui a trop vu, qui n’attend plus de fin heureuse — ce qui colle parfaitement à l’étiquette « cyber-noir » revendiquée par Neon Giant. Nous avons hâte de découvrir l’histoire sombre qui se cache derrière ce personnage ; c’est bon signe, l’intrigue nous intrigue déjà.
Sur le plan mécanique, Harker reste toutefois un prétexte parfait pour sortir les jouets. Les développeurs parlent d’améliorations militaires avancées, de matériel personnalisé et de déplacements verticaux. Les images alternent entre fusillades dans des couloirs étroits, exploration de toits et moments plus calmes dans des arrière-salles. Le combat semble brutal et percutant plutôt qu’ultra-tactique — l’équipe assume aimer la violence comme spectacle, celle qui impressionne, pas celle qui se contente d’être misérable.
La bande-annonce de NO LAW se démarque dans un genre saturé
Aussi excellents que soient des jeux comme Deus Ex ou Cyberpunk 2077, l’histoire du personnage central sauvant une ville brisée commence à s’essouffler. NO LAW semble justement prendre le contre-pied : Grey Harker est dangereux, oui — mais Port Desire n’a pas l’air d’attendre d’être sauvée par lui, ni par vous. Elle semble simplement essayer de survivre pendant que des gens comme vous rendent la situation encore pire. Et c’est une approche intéressante.
Le mélange de bars louches, de verticalité urbaine et de narration portée par Harker lui-même suggère une histoire de vengeance cyber-noir, plutôt qu’un RPG de pure montée en puissance. La narration environnementale est intime, et l’on sait que Neon Giant excelle dans ce domaine, tout comme dans le maniement des mécaniques de tir. NO LAW donne l’impression d’un roman criminel rejouable, plutôt que d’un Cyberpunk 2077 à plus petite échelle.
Pour l’instant, pas de fenêtre de sortie, pas de gameplay brut, seulement une démonstration d’ambiance et quelques citations soigneusement choisies. Ce n’est pas beaucoup — mais c’est suffisant pour ajouter NO LAW à notre liste de souhaits Steam. Certes, Port Desire n’appartient à personne, comme le dit la bande-annonce — mais pour l’instant, c’est clairement un endroit que nous avons envie de découvrir, de préférence avec une arme très améliorée entre les mains.
