Dans une interview exclusive accordée à Games Hub, le membre du Hall of Fame de la WWE Jake “The Snake” Roberts a critiqué John Cena, affirmant qu’il est resté trop longtemps à la WWE. Il a également encouragé Triple H à mieux utiliser Randy Orton, tout en reprochant aux jeunes catcheurs de ne plus se soucier du kayfabe (le maintien de l’illusion dans le catch).
Games Hub : Vince McMahon a essayé de lancer une rivalité entre toi et Hulk Hogan, avec toi en heel, mais il a dû abandonner le plan parce que tu étais trop populaire. Qu’est-ce que ça t’a fait ?
Jake Roberts : J’étais trop populaire. C’est fou, non ? Ça m’a coûté beaucoup d’argent ! Parce qu’un long programme avec Hulk m’aurait très bien placé.
GH : On a récemment perdu une légende avec Hulk. Quel héritage laisse-t-il au catch en tant que sport ?
Jake Roberts : Il faudra un peu de temps pour que ça s’imprègne. Je suis encore sous le choc. Ça n’a pas de sens.
GH : Tu sembles avoir survécu à beaucoup d’icônes, comme la Legion of Doom. Quel effet ça te fait ?
Jake Roberts : Les chances n’étaient pas de mon côté. J’étais sur la “liste de la mort” pendant des années. Mais je suis toujours là.
GH : Tu as vécu l’époque des tournées non-stop, sept jours sur sept ?
Jake Roberts : Deux fois le samedi, deux fois le dimanche. Je ne sais pas comment on faisait. J’ai lutté 89 jours d’affilée. 89 ! Presque tous contre Ricky Steamboat. On s’est vraiment bien connus… peut-être un peu trop !
GH : Et André le Géant ?
Jake Roberts : Oh oui. Il me malmenait souvent. J’ai fini par le confronter, ce qui, avec le recul, était complètement fou. Mais il m’a respecté après ça. On est devenus amis.
GH : Qu’est-ce qui t’a empêché de remporter un grand titre à la WWE ?
Jake Roberts : J’en avais pas besoin. Jake the Snake n’avait pas besoin d’un titre. J’étais le main event tous les soirs. Que demander de plus ?
GH : Quelle rivalité préfères-tu ?
Jake Roberts : Ricky Steamboat. On était en parfaite symbiose. Pas besoin de parler, on savait exactement où l’autre serait.
GH : Qui mériterait d’être au Hall of Fame mais ne l’est pas ?
Jake Roberts : Beaucoup de gars oubliés, ceux qui ont vraiment ouvert la voie avant nous. Ils méritent une section à part. Ce sont eux qui m’ont appris ce métier.
GH : Un catcheur que tu aimerais voir revenir pour un dernier match ?
Jake Roberts : Steve Austin. Ce serait génial de le revoir une dernière fois.
GH : Goldberg a récemment pris sa retraite. Tu penses qu’il aurait dû s’arrêter avant ?
Jake Roberts : Oui, je pense.
GH : Qui est sous-utilisé actuellement à la WWE ?
Jake Roberts : Randy Orton. Il mérite plus, il peut faire beaucoup plus.
GH : Et à l’inverse, qui est surexposé ?
Jake Roberts : John Cena. Il en fait trop.
GH : Il est là depuis un moment, non ?
Jake Roberts : Beaucoup trop longtemps.
GH : Tu trouves que les effets modernes, les pyros et les écrans LED, nuisent au catch ?
Jake Roberts : Oui. On s’en sert pour masquer le manque de savoir-faire. Avant, t’étais seul sur le ring, tu devais assurer. Aujourd’hui, beaucoup ne catchent que deux ou trois fois par mois, c’est insuffisant pour devenir bon.
GH : Et Logan Paul ?
Jake Roberts : Il fait du bon travail, je lui reconnais ça.
GH : Les vestiaires d’aujourd’hui sont sûrement bien différents de ceux des années 80 ?
Jake Roberts : Ils ne tolèrent plus les mêmes choses. À l’époque, y’avait pas de RH.
GH : As-tu proposé des storylines qui ont été refusées ?
Jake Roberts : Bien sûr. Souvent. Parfois, une petite modification peut tout changer. Les détails font toute la différence.
GH : L’incident avec la guitare du Honky Tonk Man t’a blessé sur le long terme, non ?
Jake Roberts : Oui, je savais qu’il allait me frapper, mais pas à la tête. J’ai pardonné, c’est du passé.
GH : Bret Hart a du mal à pardonner Goldberg.
Jake Roberts : Faut tourner la page. Sinon, ça te ronge.
GH : Le meilleur arbitre selon toi ?
Jake Roberts : Hebner. Chioda est bon, mais Hebner, c’était le gars.
GH : Tu as été mordu par tes serpents plusieurs fois ?
Jake Roberts : Entre 15 et 20 fois. Une fois, 34 points de suture. Le sang jaillissait partout.
GH : Et le fameux moment avec Macho Man ?
Jake Roberts : Mon préféré. Il n’avait pas vraiment le choix de bien vendre la scène, il était déjà un peu perdu dans sa tête.
GH : Tu avais peur des serpents à la base, non ?
Jake Roberts : Oui. J’ai grandi au Texas, entouré de serpents venimeux. Cette peur était bien réelle. Et ce personnage est né sous l’effet de la bière et de la drogue ! Je n’aurais jamais cru que Vince prendrait ça au sérieux.
GH : Tu as des regrets avec les serpents ?
Jake Roberts : Oh que oui. Aller aux toilettes à 3h du matin et oublier qu’un python de 4 mètres est là avec toi, c’est pas un bon moment !
GH : Quelle différence vois-tu entre Vince McMahon et Tony Khan ?
Jake Roberts : Vince savait déléguer. Tony veut tout faire lui-même, et ça crée des ratés. Personne ne peut gérer tout ça seul.
GH : Tu te reconnais dans un catcheur actuel ?
Jake Roberts : Randy Orton, sans hésiter. Même attitude, même intensité. À l’AEW, pas vraiment. Les gars sont plus petits, plus voltigeurs. Les serpents, ça ne vole pas !
GH : Et Will Ospreay ?
Jake Roberts : Il a du talent, c’est sûr. On verra bien.
GH : William Regal ?
Jake Roberts : Beaucoup de respect. Un vrai lutteur.
GH : Owen Hart ?
Jake Roberts : J’ai passé dix mois à la Hart Foundation, dans le donjon. C’est là que j’ai tout appris.
GH : Tu te souviens de Nailz, celui qui aurait frappé Vince ?
Jake Roberts : Oui, il l’a mis K.O. C’était une question de gagne-pain.
GH : Qu’est-ce qui fait la différence entre un bon catcheur et un grand catcheur ?
Jake Roberts : La capacité à raconter une histoire. Faire plus avec moins. Les gars d’aujourd’hui dépendent trop de leur physique. Mais ton corps finira par lâcher.
GH : Et le kayfabe, aujourd’hui ?
Jake Roberts : Ils s’en fichent complètement. Et ça, ça me met en rogne.